Lettre aux parents

"Ceotar, Aerratt, vous qui êtes une des plus belles source de ma Lumière.

Je vous écris pour afin de continuer la discussion que nous avons eu lors de ma dernière visite. Je sais que vous vous sentez redevable envers l'Alliance et les mortels de ce monde, mais à nouveau, j'insiste. Partez. Retournez sur Draenor, ou rejoignez ce Draenor différent, vous y serez bien accueillis. Mais je vous en conjure, ne restez pas ici. Malgré vos pensées, sachez que ce monde, que cette Alliance, que ces races ne veulent pas de nous. Je n'avance pas ces idées sans preuve, laissez-moi vous parler d'Azeroth, de celui qui existe hors de nos quelques îles.

Avant tout, ce monde n'est pas le notre. Il ne le sera jamais. Nous ne sommes que quelques invités sur des terres déjà conquises. Les orcs n'ont obtenu que quelques terrains en usant de la force, en contraignant les autres peuples déjà présents. Jamais il ne nous sera permis de nous reformer, de créer des villes, de nous installer autre part que sur ces maudites îles que nous avons corrompues à notre arrivée.
Si un jour, ces terres connaissent la paix, que ferons-nous ? Serons-nous assignés au service des mortels en vivant dans leurs villes ? En travaillant pour eux ? Plus que jamais, nous sommes les Draeneis. Plus que jamais, nous sommes des exilés. Nous valons mieux que cela, notre culture, notre grandeur valent mieux que cela. Pourtant, nous serons à jamais contraints de vivre au dépend de peuples qui nous moquent. Qui ne respectent ni les morts, ni les vivants, pas même la Lumière.

Ensuite, cette Alliance que vous idéalisez. Que j'ai idéalisé. Laissez-moi vous en parler. La vérité est qu'elle nous méprise. Elle fait usage de notre force, de notre magie, de notre technologie pour mener à bien ses guerres, mais elle n'a aucune considération pour nous. Je sais que vous n'êtes pas allés à Hurlevent, dernièrement. J'avais une certaine affection pour cette cité humaine. Aujourd'hui, je l'évite par peur.  
En effet, cette Alliance, nos amis, a accepté en son sein ceux qui se font appeler les Ren'dorei. Des elfes du néant. Ces êtes ont choisi de se mêler au vide pour soulager leurs besoins en magie. Pour cela, et en toute logique, la Horde les a bannis. Quant à nous, plutôt que de les éviter, d'en faire un exemple de la déchéance de ceux qui embrassent le vide, nous les avons pris dans nos villes. Mais pire que cela, ces Ren'dorei sont d'anciens Sin'Dorei. Ces mêmes qui ont massacré notre peuple, qui ont condamné un Naaru à la servitude et qui, gratuitement, ont désiré notre fin. Les voilà nos alliés. Et nous devrions accepter cela.
Que les Naarus me pardonnent, je n'ai pas oublié. Je n'oublierai jamais. Et eux non-plus. Combien de temps avant que nous ne subissions leur haine ? Avant que le vide ne les pousse à se compromettre contre nous ? L'Alliance n'est que cela. Des liens utilitaires au sein d'un groupe cherchant à en écraser un autre. Sa survie n'est possible que par l’espérance de voir l'autre chuter. Que deviendrons-nous après la Horde ?

Pour terminer, les mortels. J'ai aimé les mortels. Je les ai aimés passionnément. Je les observais avec le même respect que pour n'importe quel des mes Frères et Sœurs. J'aurais voulu leur bien, j'aurais donné tout ce que j'avais pour eux. Que la Lumière me juge, j'ai perdu cet amour. Durant ces quelques années à voyager, j'ai vu tellement d'horreurs, tellement de mépris. Bien-sûr, certains sont admirables. Sages. Bons. J'en fréquente au quotidien. Mais qu'importe ce qui m'apparaît aujourd'hui comme des exceptions ? Leur monde est fait de violence aveugle, de haine, d'indiscipline. J'ai vu leurs esprits, j'ai vu leurs âmes. Ils ont été forgés par la peur, d'être vaincus, d'être oubliés, des autres, de soi.
Je n'aime plus les mortels. Cela ne signifie pas que j'arrêterai de les soutenir dans leurs entreprises, seul mon devoir et mes engagements comptent. Je suis sans importance. Mais si je vous dis cela, c'est que je souhaite que vous compreniez un élément : Les événements ne vont pas s'améliorer. Les habitants de ce monde se sont forgés afin de tout permettre au nom de leurs objectifs. Si cette guerre ne nous détruit pas, la prochaine le fera.

Ainsi, ce monde, cette Alliance et les mortels ne nous désirent pas. J'ai perdu foi en eux, mais je resterai, mon devoir m'y oblige. Me l'impose. Je serai toujours du côté des âmes qui ont besoin d'un guide, peu m'importe la folie des vivants. Mais vous. Vous devez partir. Qui sait quand la Horde attaquera nos "terres" ? Qui sait quand l'Alliance nous considérera comme un sacrifice acceptable ?

J'ai perdu Rizipha. Je ne vous désire pas vous voir vous mettre en danger pour un monde et des peuples qui ne le méritent pas. Laissez les à leur guerre. Laissez les s'étouffer dans leur propre médiocrité. Vivants, ils ne m'intéressent plus.
Quant à vous, que vos esprits demeurent calmes. Je reste aux côtés d'Evenka et elle me protégera. De plus, la majorité de mes collègues actuels sont d'une compétence tout à fait acceptable.

Votre seconde meilleure enfant,
Mamrii"